Marc Jimenez(Professeur d’Esthétique et Sciences de l’art)…
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작성자 ADMIN 작성일 21-03-16 13:47 조회 686hit 댓글 0comment본문
Les sculptures de Lim Dong Lak : de l’opacité à la lumière
Les sculptures monumentales de Lim Dong Lak évoquent l’étrange et féconde distinction proposée par le grand historien d’art viennois, Alois Riegl, au début du siècle dernier, entre la rondeur et l’incurvation propres à l’organique et la rigueur abrupte et anguleuse de l’inorganique. Seraient-elles nées d’une subtile dialectique entre l’harmonisme décoratif et l’organisme novateur, créateur de formes inédites, et d’un affrontement incessant entre la tradition, le classicisme et la nouveauté, la modernité ?
Les sculptures monumentales de Lim Dong Lak évoquent l’étrange et féconde distinction proposée par le grand historien d’art viennois, Alois Riegl, au début du siècle dernier, entre la rondeur et l’incurvation propres à l’organique et la rigueur abrupte et anguleuse de l’inorganique. Seraient-elles nées d’une subtile dialectique entre l’harmonisme décoratif et l’organisme novateur, créateur de formes inédites, et d’un affrontement incessant entre la tradition, le classicisme et la nouveauté, la modernité ?
Incontestablement, les vingt cinq œuvres exposées à Paris enregistrent une telle polarité. Elles vibrent d’une tension particulière entre la rigueur et la fantaisie, entre la géométrie et la finesse ; elles vivent de la rencontre entre ces forces antagonistes et complémentaires, apolliniennes et dionysiaques qu’elles parviennent à concilier en un prodigieux équilibre. Chaque sculpture, ici, s’impose et séduit grâce à la réponse qu’elle livre avec une parfaite évidence à l’histoire complexe des rapports entre la création artistique et la technique. Toutes témoignent de la maîtrise et de la maturité d’un artiste habile à métamorphoser l’opacité en transparence et lumière.
Les formes nées de l’intégration de la matière et de la technique courent parfois le risque de sombrer dans l’esthétisme. Elles engendrent alors des beautés libres et gratuites, devant lesquelles il n’y a rien à dire, offertes à la pure et simple contemplation. Les œuvres de Lim Dong Lak ne sauraient s’exposer à ce reproche. Les œuvres, au titre minimal, voire minimaliste et presque énigmatique : Deux points, Point masse, Croissance, Protoplasm, etc., n’entrent dans aucun des registres traditionnels des beaux-arts. Inclassables, elles rendent anachronique la question des rapports entre l’art et l’artisanat, entre les arts plastiques et les arts appliqués, entre le décoratif et l’environnement urbain. L’univers qu’elles déploient est presque d’ordre onirique : surfaces polies et réfléchissantes tels des miroirs, les imposantes masses métalliques renvoient de sidérantes images de bâtiments et de vie alentour, composant de curieuses fantasmagories anamorphiques. Ce jeu d’anamorphoses et de réfractions prismatiques prend le spectateur au piège de sa propre fascination. Il l’invite à contourner la sculpture pour mieux percevoir les étonnantes métamorphoses créées par les interférences entre la réalité du lieu où il se trouve et les images multiples et mouvantes ainsi réfractées, comme saisies au travers d’un kaléidoscope.
Les œuvres de Lim Dong Lak semblent avoir été jetées là par quelque héros mythologique, tel Hephaïstos, le dieu grec du feu et de la métallurgie qui incarnait les éléments essentiels du cosmos, en particulier le feu et la lumière. A la fois sculptures et monuments architecturaux, conçues et minutieusement programmées à l’aide de l’ordinateur, elles réalisent l’alliance prodigieuse entre la haute technologie – le virtuel et le numérique – et l’un des matériaux les plus bruts et les plus denses de l’industrie lourde – l’acier. Alliance en vue d’une double réconciliation qui, telle une promesse pour un avenir apaisé, rapprocherait enfin, de façon harmonieuse, l’homme et la nature, l’individu et son milieu.
Marc Jimenez
Professeur d’Esthétique et Sciences de l’art
Université de Paris 1 (Panthéon-Sorbonne)
Octobre 2006
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